Au cours du XVIIIe siècle, toilettes et déshabillés de senteurs

Très symboliques de l’obsession aromatique ambiante sont les toilettes… C’est à dire les pièces de tissus servant à ranger et à disposer sur une table les nombreux produits et instruments indispensables à la femme ou à l’homme élégants.

Simon Barbe propose plusieurs procédés de fabrication. La toilette de senteur à la mode d’Angleterre est composée de deux morceaux de soie… Un tabit (étoffe de soie moirée) et un taffetas qui sert de doublure. Le taffetas est recouvert d’un lit de coton parsemé de grosse poudre de violette. L’envers du tabit est frotté d’un mélange obtenu en faisant fondre dans un mortier douze grains d’ambre et quatre grains de civette avec un peu de gomme arabique et d’eau de senteur. II ne reste plus qu’à disposer le tabit sur le taffetas et vous piquerez votre ouvrage en losange ou en écaille... Et, étant bordé, on y ajoute ordinairement une dentelle d’or ou d’argent.

La toilette à la mode de Montpellier

Elle offre des fragrances très différentes. Les tissus, d’abord plongés dans un bain d’eau d’ange et d’eau de rose… Sont séchés puis frottés d’une pâte composée de gomme adragante, cannelle, girofle, ins et fleurs d’orange sèche. Ces toilettes et les objets qui les garnissent font partie des présents échangés entre souverains. Ce sont des cadeaux de mariage appréciés dans l’aristocratie et la riche bourgeoisie. Quant aux déshabillés de senteur, ce sont de grands portefeuilles en carton recouvert, à l’extérieur, d’une peau parfumée et, à l’intérieur, d’un tissu semblable à celui des toilettes. On y range le soir les coiffes rubans et menu linge des Dames… Auxquels il communique son parfum durant la nuit. Toilettes et déshabillés témoignent d’un univers raffiné où l’odoriférant lui-même doit s’envelopper d’autres senteurs. Mais toujours pas d’hygiène buccale !

Le renouveau des bains à la fin du XVIIIe siècle

Le roi Louis XV s’intéresse davantage que son prédécesseur aux installations de bains. Entre 1732 et 1770, celles de Versailles vont être, à plusieurs reprises, renouvelées et transportées en divers points du château. Mais ces équipements restent peu répandus, même dans la haute société. Lorsqu’ils existent, ils sont davantage des pièces d’apparat que d’usage courant. Le bourgeois aisé possède au mieux une baignoire de tôle vernie. Plus souvent, il louera à la journée une cuve de bois doublée de plomb ou une baignoire de cuivre chez un chaudronnier.

Le bain, d’ailleurs, hésite encore entre pratique de propreté et de santé. En 1771, la Toilette de Flore propose, d’une part, un bain de beauté pour nettoyer et adoucir la peau grâce à une infusion d’orge, lupin, bourrache et giroflée rouge… Et, d’autre part, un bain aromatique où a bouilli un mélange de sauge, romarin, thym, menthe sauvage, mélisse, œillet, renforcé d’eau-de-vie camphrée. II est annoncé comme excellent pour fortifier les membres, dissiper les douleurs qui viennent d’une eau froide, augmenter la transpiration.

Quant aux bains publics, il existe bien à Paris quelques établissements basés sur des bateaux recouverts de grandes toiles qui forment auvent au-dessus du fleuve. Mais, les magistrats protestent contre les libertins qui se baignent nus à la vue des honnêtes lavandières ! Mais il faut attendre 1760 pour voir s’établir, près du Pont Royal, un bateau spécialement conçu équipé d’une trentaine de cabines de bains et douches. Cette création moderne et respectueuse de la décence reçoit le soutien unanime du lieutenant général de police… Amis aussi, des échevins, de l’Académie des Sciences, de la Faculté de Médecine et du premier chirurgien du roi.